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écrire à l'auteur Quels objectifs pour l'écologie politique ?Quoi de neuf en 2001, sur la planète écologiste ? Comment expliquerez-vous, dans trente ans, que trente ans après la candidature de René Dumont, qui fut le premier à tenir un discours écologique aux présidentielles de 74, les fondamentaux de l'écologie politique avaient aussi peu d'envergure ? La défense de l'environnement est aujourd'hui
soumise aux conditions que nous dictent des
actionnaires en grande partie extra-nationaux. La fiction démocratique nous cache le fait, et la
participation des Verts au gouvernement achève
de le normaliser. Dans le régime économique qui est le nôtre, en effet; les produits et services proposés - utiles ou non aux usagers et leur planète - ainsi que la masse salariale disponible, sont étroitement soumis aux profits que les entrepreneurs réalisent et redistribuent - en commençant en priorité par leurs actionnaires - sous forme d'investissements, d'emplois et de taxes. Ces indispensables profits dépendent de l'état du marché. Comment vendre des piles solaires, des éoliennes, du «bio», par exemple, s'il n'y a pas de marché pour elles ? A supposer par conséquent que soit menée, dans les conditions actuelles, une politique volontariste rigoureuse en matière d'environnement, les entre- prises ne s'y engageront que si elles sont assurées de vendre. Couvriraient-elles enfin la planète de produits éco-
logiquement et socialement pertinents, on n'en
verrait pas moins, tôt ou tard, dans les nouveaux
secteurs de profitabilité comme dans les anciens,
opérer des regroupements et dégraissages. Les écologistes se sont jusqu'ici laissés entrainer dans une politique d'abandon aux fatalités d'un marché dont les impératifs de profit rapide ne coïncideront jamais avec aucun développement soutenable - ni même avec aucune décroissance soutenable. Au risque de brouiller définitivement leur image, on a même vu les Verts admettre le principe d'un marché des droits à polluer ! Si encore ils avaient fait l'article pour ces droits -
ou le Tiers-Secteur - en admettant que c'était ce
qu'il y avait de mieux à faire ou prendre «en
attendant». Comment faire repartir leur fertile imagination ? Elle était inscrite au programme de l'écologie
politique, cette maitrise, dès ses origines. Ce " fondamental" ne faisait -ne fait! -en réalité que reprendre en charge celui qui inspirait la gauche à ses origines. On comprend qu'il y ait eu rencontre entre la gauche et les écologistes. Mais aussi en avance soient-ils, sur la taille des unités de production par exemple, leur posture politique reste prisonnière des représentations classiques : 1. Ils assimilent les usages à des besoins. Or ceux-ci connotent des pratiques indispensables, naturelles, ayant un caractère d'urgence, et qui dès lors ne laissent aux usagers de choix qu'entre mendier (leur satisfaction) et obéir (à ceux à qui ils délèguent cette satisfaction, en les élisant ou en leur restituant leur salaire sous forme d'achats). 2. Ils se tournent vers les entrepreneurs pour
satisfaire les "besoins" de l'espèce humaine
(parmi lesquels ils ne se gênent plus de faire
figurer celui d'un emploi salarié!). 3. Aussi justifiée soit-elle, leur façon de défendre J'environnement, les espèces, etc., participe à l'intoxication des peuples sur le thème des limites raisonnables de ce qu'on peut demander à l'exis- tence redistribuée (au prorata des profits). Les fondamentaux énoncés ci-après sont-ils
excessifs ? 1. l'abondance durableLes impératifs de la Croissance exigent, paradoxalement, de limiter le nombre de produits mis sur le marché afin de rendre captifs les clients potentiels, de réduire le nombre des concurrents, de sélectionner les technologies profitables, notamment celles qui diminuent le nombre d'emplois, d'assainir les marchés par des quotas, des destructions, des restructurations, des mises en jachère, ou des mesures qui bafouent la liberté des peuples à se nourrir, s'éduquer, s'équiper, décider par eux-mêmes. Ces impératifs ont suscité un contre-feu ambigu : celui du développement soutenable. En prenant fait et cause pour lui, les écologistes se trompent de combat. Ils justifient les impératifs raréficateurs (voir plus haut) de l'économie actuelle. Ils négligent de prendre en compte que les malheurs qui menacent la planète et ses usagers sont en fait imputables à la victoire de l'humanité sur la pénurie et son détournement permanent par les raréfactions qu'exige le «bon» fonctionnement du Marché. A cette victoire, tous les peuples ont participé, à
tous les échelons. Cohérent avec ses idéaux et les faits, l'ensemble
de la gauche s'honorerait donc en rompant avec le
totalitarisme de marché, et en mettant l'abondance durable à l'ordre du jour. 2. le peuple entrepreneur On a pu croire que les Verts, en revendiquant
pour tous un revenu d'existence, s'engageaient
sur cette voie. Sur ce qu'autorise la redistribution étatique, elle- même asservie aux profits des entrepreneurs. Le revenu d'existence se présente comme une
mesure généreuse. C'est l'exemple même de ce que nous appelons « une sortie par le bas ». Pour un écologiste rigoureux, tout ce qui peut
contribuer au bien-être des hommes et à la
sauvegarde de la planète doit pouvoir être
produit sans retard et aussitôt disponible à
l'achat. Plutôt qu'un revenu de base et de compléments gagés sur le pillage des ressources naturelles et humaines (la privatisation de votre force de travail) nous proposons de distribuer à tous, à tout âge, un revenu gagé sur la quantité de produits et services utiles à l'homme et la planète. Au lieu de devoir limiter ou détruire pour vendre,
tout ce qui sera produit pourra être vendu. 3. la démocratie des usagersDistribuez à tous les usagers, de leur naissance à leur mort, un revenu proportionnel aux richesses disponibles: 1. Le chômage ne menace plus personne. 2. L'existence cesse d'être divisée en trois parties
quasi-étanches. 3. Vous pourrez enfin faire droit à un « fondamental » jusqu'ici réservé aux classes possédantes ou à des cas d'exception : la capacité de s'investir à tout âge dans les activités de son choix. N'ayant plus pour but le profit monétaire, l'éven- tail des activités sera profondément modifié. On pourra consacrer tout le temps qu'on voudra à la recherche, à réfléchir à ce qu'on fait de sa vie, à la pertinence des produits et services encore considérés comme indispensables et à améliorer ce qu'on appelle aujourd'hui cc les conditions de travail", qui deviendront des conditions de res- ponsabilité et de bonheur. Tout ce qui sera entrepris pourra l'être à titre expérimental. La liberté d'entreprendre connaîtra un essor que
les plus « libéraux» n'ont jamais osé espérer ! Les fondamentaux ci-dessus sont aujourd'hui "dans l'air", mais interdits d'énoncé car nous voyons l'avenir comme le Marché en a besoin : étriqué et malheureux. Toutes sortes de changement vont pourtant déjà dans
ce sens, mais n'interviennent qu'à titre de pansements
sur les plaies produites par l'économie de marché. Beaucoup d'autres passent inaperçus ou sont tenus pour négligeables, folkloriques ou des échappatoires. Cette erreur d'appréciation tient au fait que nous ne disposons pas de méthode de lecture ou de projet de société qui les valoriserait. Nous devons donc y être attentifs et les promouvoir
non plus pour les adapter aux modèles actuels mais
pour mettre en oeuvre des fondamentaux politiques en
accord avec les possibilités qui sont aujourd'hui les
nôtres. PROSPER, Les Salles, 30570 - VALLERAUGUE |
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